De quoi sommes-nous conscients ?
Il y a quelques années j’ouvrais un blog qui se nommait « Le voyage du lâcher-prise » puis une page surFacebook du même nom.
Le lâcher-prise, en effet, peut être considéré comme un voyage, vu que nous passons tous par un acte de possession. Mes parents, mes amis, mes pensées, mes affaires, ma vie, mes choix, mes amours, mes valeurs, mes idées, mes émotions, ma maison, ma voiture, mon corps, Moi… Il m’est clair que parfois, ce pronom possessif est employé sans possessivité et juste pour exprimer ce qui « existe » dans le monde de la personne concernée. Mais souvent, la plupart d’entre nous se définissent sur leurs biens. Pourtant, ces biens cités ci-dessus passent et disparaissent tôt ou tard. Ils sont éphémères.
Donc, il y aurait un « tenu » qui pourrait être lâché.
Mais est-ce que tout cela ne se jouerait pas sur la conscience du « qui » nous sommes ?
À quoi s’arrête le conscient de notre conscience individuelle ?
Avez-vous perçu que si vous enlevez de vos pensées chaque étiquette que vous collez à l’idée que vous avez sur vous-mêmes, vous arriverez à ce que vous êtes réellement ?
Non ? Faites-le vraiment pour voir !
Sachez que je ne parle pas de l’âme individuelle séparée, de la vie après la mort, de l’idée d’un paradis ou d’un risque de l’enfer. Comme le disait Nisargadatta, tout ce que nous étiquetons pour remplacer les trois petits points du « Je suis… » nous enferme dans une idée de soi, prise comme vérité.
Certes l’idée ou les idées sur soi retenues sécurisent l’ego qui les tient dans son représenté de vérités, mais qui a besoin de se sécuriser ?
La dualité n’existe que dans notre façon d’être.
La façon d’être découle de son positionnement conscient et inconscient sur son vécu.
Le vécu passe, la reconnaissance de celui qui le vit, avec.
L’obligation de vivre ce que nous avons en oubliant ce que nous sommes.
Qu’est-ce qu’a notre « Moi-je » en premier lieu ?
Une histoire et un corps qui donnent une existence.
L’histoire se tisse sur celle des parents, de la généalogie, de l’inconscient collectif, de son incarnation et des situations relationnelles qui vont avec.
Le corps a plusieurs systèmes pour lui permettre de fonctionner, dont le système psycho-émotionnel qui utilise « l’histoire » pour son identité.
Il a aussi son « éphémérité » et emmène avec lui celui qui le prend comme possession. De là, l’existence se décline avec ses enjeux, ses batailles, ses désirs, ses échecs, ses apprentissages et tout ce que le système psycho-émotionnel et l’esprit identifient comme vérité jusqu’à l’existence de l’âme, vraisemblablement.
L’illusoire importance du « Moi-je ».
Sur ce fil de rasoir, l’incarnation joue ses cartes dans la course à l’existence.
L’existence est immense et inconnue, pourvue de palpables et d’insaisissables.
Le contrôle du « mortel » se formate à partir du manque, de l’injustice ou de la fatalité. Ce formatage est conduit par la peur.
Et Jacques Higelin chantait :
« Tom Bonbadilom
M’a dit, me parlant des hommes :
Je les trouve bizarresComme un poulet dans le noir
Tenant une prise de courant
Qui cherche en tâtonnant à se brancher quelque part »
Quand Nisargadatta déclarait :
« La maturité spirituelle, c’est lorsque vous êtes prêt à tout abandonner. Lâcher est le premier pas, mais le véritable lâcher-prise est la vision qu’il n’y a rien à lâcher, puisque rien n’est à vous. »
L’illusion du lâcher-prise.
C’est à cette déclaration de Nisargadatta que m’amène mon voyage du lâcher-prise. Je trouve le fait drôle et cocasse.
Tant d’importance pour l’existence à la fois grandiose et communément simple.
La vie est parfaitement intelligente et elle sait comment orchestrer nos vies de par les indications inconscientes que nous lui donnons.
À noter que ce que vit l’incarnation, le vit aussi « celui » qui s’y identifie.
Rien ne peut changer réellement ce qui est vécu dans l’instant et il se passe tellement de choses en cet instant où par exemple je vous écris :
- « Les doigts du corps d’où je tire l’idée de moi-même tapent sur le clavier,
- La pensée qui va avec dicte les mots,
- L’intention et l’attention les ordonnent,
- Les émotions gagnent ce corps d’où je tire l’idée de moi-même,
- Un « Moi-je » s’amuse quand un calme se détend et une impression d’immensité se passe,
- La respiration se régule,
- Les sensations se succèdent
- La pendule poursuit son tic-tac
- La nui s’étend
- Le lustre éclaire
- Les pieds perçoivent le tapis
- La pensée se rappelle les affaires du moment… »
Qui déclenche ce feu d’artifice de l’existence ? Moi ? La vie ? La conscience ? Dieu ?
Quoi qu’il en soit nous le vivons, alors il me semble plus agréable quand mon état d’esprit de l’instant se réjouit de la richesse du détail de chaque instant et la rencontre autour de lui et comme en lui. Jusqu’à peut-être s’apercevoir qu’il n’y a pas de séparation ni de « Moi-je » qui le crée.
La présence.
Quand je me laisse traverser par les informations « négatives » ou que je laisse circuler celles « positives » qui s’activent en moi dans l’instant, je m’aperçois qu’une présence s’exerce. Cette présence n’est pas le « Moi-je » auquel je m’identifie habituellement. Elle est plus large, plus universelle, à la fois impersonnelle et unifiante. Elle est douce et accueillante sans jugements ni considérations.
Cette présence est tout simplement comme une connexion entre le visible et l’invisible, un havre de paix vivant dans la sérénité au milieu du temps et de l’espace.
À ce moment-là, la bataille pour la conquête de la bouée du « Moi-je » n’a plus de raison d’exister.
Ainsi soit-il.
Nota Bene
- Merci à unsplash pour les photos.
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